Cet article est un résumé de l’article de Catherine Archieri, « La soutenance orale à l’université : un moment critique d’évaluation », Recherches en éducation [En ligne], 56 | 2024, mis en ligne le 01 novembre 2024, consulté le 27 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/ree/12842 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12qxp
La soutenance orale est un moment clé dans le parcours universitaire des étudiant·e·s. Elle est couramment utilisée pour évaluer, à un moment donné du parcours, les connaissances et les compétences acquises. Toutefois, plusieurs questions se posent : Quelles compétences évalue-t-on vraiment lors d’une soutenance ? La qualité de la prestation orale influence-t-elle la perception des objectifs d’apprentissage par les évaluateur·rice·s ? Et quel rôle jouent les normes – explicites ou implicites – qui régissent cet exercice, telles que l’utilisation de supports ou l’attribution de notes ?
Un exercice aux multiples dimensions
Une recherche exploratoire menée auprès d’étudiant·e·s en master de sciences de l’éducation s’est penchée sur ces questions. Les résultats montrent que la soutenance n’est pas appréhendée comme une simple production orale stricto sensu, mais plutôt comme l’expression d’une production écrite réflexive. On peut ainsi considérer la soutenance comme « un type d’oral réflexif, et un ressort pour l’articulation entre les compétences professionnelles pratiques, les compétences nécessaires à la mise en place d’une recherche scientifique et les compétences scripturales ». Ce constat soulève la question des normes tacites qui gouvernent la soutenance orale : bien que les attentes des enseignant·e·s soient bien réelles, elles restent souvent peu explicitées et peuvent induire une certaine pression.
La normalisation et ses effets sur l’anxiété des étudiant·e·s
Paradoxalement, pour répondre aux attentes implicites, les étudiant·e·s se voient souvent contraints d’endosser un rôle standardisé, quitte à « jouer le jeu » pour se normer à des codes universitaires supposés et en oublier leur singularité. Cette normalisation, qui n’est pas toujours fondée, engendre chez de nombreux étudiant·e·s une anxiété qui peut, dans le meilleur des cas, les amener à s’adapter, et dans le pire, à perdre leurs moyens.
Des pistes pour un alignement pédagogique renforcé
Pour répondre à ce paradoxe, l’article propose plusieurs pistes d’amélioration. Premièrement, la mise en place de modules de formation spécifiquement dédiés à la préparation à la prestation orale permettrait de renforcer les compétences des étudiant·e·s tout en réduisant leur anxiété. Des ateliers de préparation, voire des pratiques comme l’improvisation théâtrale, pourraient être envisagés pour favoriser l’expression libre et la prise de confiance. Deuxièmement, une discussion collégiale entre enseignant·e·s pourrait contribuer à clarifier les prérequis en matière de maîtrise de l’oral, et expliciter les « codes » associés à cet exercice canonique.
Conclusion : repenser la soutenance orale pour mieux accompagner les étudiant·e·s
La soutenance orale, en tant que moment critique d’évaluation, se trouve à la croisée des chemins entre l’évaluation du savoir et celle des pratiques orales. Pour les enseignant·e·s universitaires, il est essentiel de repenser cette modalité afin de mieux accompagner les étudiant·e·s. En clarifiant les normes implicites et en adaptant les dispositifs de formation, il devient possible non seulement de réduire l’anxiété des étudiant·e·s, mais aussi de leur offrir un cadre plus juste et plus respectueux de leur singularité, tout en respectant l’alignement pédagogique attendu.