Naviguer dans les effets transformateurs de l’apprentissage hybride, de l’équité, des microcrédits, de la prise en compte de l’environnement et de l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur.

Depuis plus de 20 ans les rapports « Horizon » nous proposent une vision approfondie des tendances dans le domaine des technologies et de leurs usages dans le contexte de l’enseignement supérieur. Ces rapports constituent un atout précieux, tant pour les enseignant·e·s que pour les autorités dirigeantes des institutions d’enseignement supérieur en leur permettant de mieux comprendre et envisager le rôle et l’impact potentiels des technologies dans un paysage de l’enseignement supérieur en constante évolution.

Nous vous présentons, via cet article, les principales tendances mises en avant par le rapport « Horizon 2023 Enseignement et Apprentissage » publié en mai 2023 par EDUCAUSE.

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Au niveau des tendances principales identifiées au niveau sociétal, le rapport met en avant 3 constats :

  • La demande des étudiant·e·s de se voir proposer des modalités d’apprentissage flexibles et pratiques.
    Depuis la crise covid 19, l’apprentissage hybride (blended learning) est devenu plus courant dans les pratiques des étudiant·e·s. Ces dernier·e·s souhaitent désormais plus de flexibilité dans les modalités de délivrance des enseignements qu’ils·elles suivent. Les institutions font ainsi face au défi de concevoir des expériences d’apprentissage variées en format et en accès, mais équivalentes en qualité. Elles sont donc sollicitées pour amorcer des réflexions en lien avec la mise en place d’espaces d’apprentissage durables et technologiquement à jour, tout en formant leurs enseignant·e·s à développer des pratiques d’enseignement plus hybrides.
  • L’accent mis sur un enseignement et un apprentissage équitables et inclusifs s’est élargie et intensifiée.
    Le monde de l’enseignement supérieur accorde aujourd’hui une importance accrue à la diversité, l’équité et l’inclusion. Afin d’atteindre les défis en lien avec ces dimensions, les institutions d’enseignement supérieur travaillent à rendre l’apprentissage accessible à toutes et à tous, notamment par l’application des principes de conception universelle de l’apprentissage (CUA) dans le design de leurs cours et l’usage de technologies d’assistance intégrées dans leurs environnements numériques d’apprentissage. Cependant, des efforts stratégiques seraient nécessaires pour réduire la fracture numérique et garantir un accès équitable aux opportunités d’apprentissage pour toutes et tous, notamment les étudiant·e·s défavorisé·e·s et en situation de handicap.
  • Les programmes de microcrédits gagnent en importance et en maturité.
    L’évolution du monde professionnel tend à modifier la valeur perçue des diplômes traditionnels délivrés par les institutions d’enseignement supérieur et les voies d’apprentissage plus flexibles semblent gagner en popularité. Afin de se positionner sur ces nouvelles demandes, certains établissements d’enseignement supérieur ont initié la mise en œuvre de programmes de micro-certification et tentent de développer des approches par compétences dans un registre plus modulaire. Les apprenant·e·s adultes en activité souhaitant se réorienter ou développer de nouvelles compétences trouveraient ces approches particulièrement attrayantes car elles s’intègrent dans la dynamique de l’apprentissage tout au long de la vie. La mise en œuvre des microcrédits représente cependant un énorme défi pour les institutions car elle nécessite de nombreux aménagements structuraux, légaux et pédagogiques.

Au niveau de l’environnement, nous avons choisi de mettre en avant cette tendance :

  • Les questions environnementales sont de plus en plus intégrées dans la gestion quotidienne et les programmes des institutions de l’enseignement supérieur.
    En réponse aux effets croissants du changement climatique, les institutions intègrent davantage la durabilité dans leurs valeurs, leurs opérations et leurs programmes d’enseignement. Cette tendance se traduit par l’investissement dans des technologies durables et des moyens mis en œuvre en vue de réduire les émissions de CO2. Bien que des programmes sur l’environnement et la durabilité soient disponibles au sein de certains cursus, l’éducation à la durabilité est rarement obligatoire et reste négligée seon les auteur·rice·s du rapport. Sans formation formelle mise à disposition, les enseignant·e·s seraient encore trop souvent laissé·e·s à eux·elles-mêmes face aux défis liés à l’intégration des problématiques environnementales dans leurs enseignements. La proposition d’une éducation plus intégrée et formelle en lien avec les enjeux de durabilité et de l’environnement dans les programmes et opérations des institutions d’enseignement supérieur représente un des enjeux majeurs auquel le monde de l’enseignement supérieur sera confronté dans les prochaines années.

Enfin, il nous était impossible de ne pas finir cet article sans faire mention des tendances et pratiques en lien avec la multiplication de la présence des outils d’intelligence artificielle dans le paysage de l’enseignement supérieur.

Le rapport distingue les technologies IA prédictives et génératives.

Certains outils d’IA prédictive permettent d’établir des probabilités sur les résultats futurs des étudiant·e·s à partir de l’analyse des données d’apprentissage présentes par exemple sur les plateformes d’enseignement ou tout autre outil numérique utilisé par les étudiant·e·s. Les données analysées peuvent ainsi être utilisées pour anticiper la performance des étudiant·e·s ou leur proposer des parcours d’apprentissages adaptatifs et plus individualisés. Cependant, ces possibilités reposent sur l’exactitude des données recueillies et la justesse de l’interprétation qui en est réalisée. Ces technologies posent aussi la question de la protection des données personnelles et nécessite la mise en place d’un cadre éthique strict ainsi qu’une vérification systématique de la compatibilité des technologies que l’on met à disposition des enseignant·e·s et des étudiant·e·s avec les normes et lois en vigueur au niveau de la protection des données personnelles.

Au niveau des intelligences artificielles génératives, le rapport souligne qu’elles sont considérées comme une technologie potentiellement perturbatrice dans l’enseignement supérieur notamment par leur capacité de créer et produire des textes, du code, des images ou encore des sons très proches d’une production humaine. L’impact des IA génératives peut concerner le matériel pédagogique, les évaluations ou encore les pratiques d’accompagnement des étudiant·e·s. Cependant, cette technologie suscite des préoccupations, notamment sur le renforcement des biais humains et la mise en danger de l’intégrité académique. Les critiques mettent en avant les dangers en lien avec une utilisation abusive potentielle par les étudiant·e·s pour réaliser des travaux académiques et une péjoration de la créativité individuelle. À l’inverse, les défenseur·e·s plaident pour une remise en question des pratiques d’évaluation et l’importance pour les étudiant·e·s de maîtriser ces technologies d’IA génératives avant d’entrer sur le marché du travail. Le rapport souligne que les étudiant·e·s devraient comprendre les limites et les implications éthiques de l’IA pour prévenir la désinformation et une dépendance inappropriée aux résultats générés par cette dernière. Il semble par conséquent primordial de développer leurs compétences en lien avec l’esprit critique. Enfin, le rapport préconise aussi un encouragement de la réflexion sur les pratiques d’évaluation dans l’enseignement supérieur afin de se concentrer davantage sur la pensée et l’analyse de haut niveau.

Le rapport contient de nombreuses tendances et informations supplémentaires que vous pouvez découvrir en le consultant sous ce lien.