Donner un feedback de qualité sur les travaux pratiques

Lorsque vous accompagnez les travaux pratiques, vous êtes amené·es à donner du feedback sur la qualité des travaux réalisés par les étudiant·es (que ce soit en cours de semestre ou à la fin de l’année). La manière dont ce feedback est formulé peut jouer un rôle important dans leurs apprentissages. Les évaluations des enseignements par les étudiant·es indiquent d’ailleurs souvent que les étudiant·es apprécient particulièrement les commentaires qui les aident à comprendre comment progresser.

Cet article est issu de la newsletter du CSE: #9

Se positionner entre conseil, accompagnement et substitution

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Pour guider efficacement l’étudiant·e, il est utile de réfléchir au positionnement du/de la superviseur·e et au niveau d’autonomie souhaité pour l’étudiant·e.

Ne tombez pas dans le piège de la substitution. Accompagnez l’étudiant·e dans la résolution du problème en lui posant des questions, par exemple « As-tu testé cette manipulation pour résoudre ton bug ? D’après toi, d’où pourrait provenir le bug ? ».

Le tableau ci-dessous synthétise différents modes d’intervention, leurs outils et la place de l’étudiant·e dans le processus.

Le conseilL’accompagnementLa substitution
Degré d’autonomie de l’étudiant·eIndépendanceSemi-autonomieHétéronomie
Positionnement du/de la superviseur·eDerrière l’étudiant·eA côtéDevant
Outil utiliséLe conseilLe feedbackLa directivité
Exemple« Es-tu sûr de ton résultat ? Je te conseille de vérifier cette étape. »« J’ai remarqué une erreur à cette étape. As-tu bien appliqué le principe expliqué à la page 4 du manuel sur [tel thème] ? »« Tu t’es trompé ici. Laisse-moi te montrer la bonne façon de le faire. »

Repris et adapté de Gerard, L. (2009). L’accompagnement en contexte de formation universitaire: Etude de la direction de mémoire comme facteur de réussite en Master. Education. Université Nancy II.

Un feedback de qualité

Pour donner un «bon» feedback, il est possible d’agir à la fois sur la stratégie et sur le contenu du message. Voici quelques recommandations inspirées de Brookhart (2008).

Stratégies de feedback

Plusieurs paramètres influencent la manière de donner un feedback efficace. D’après Brookhart (2008), il est pertinent de réfléchir à la place que prend le feedback dans le déroulement des apprentissages, à la quantité d’informations à transmettre, au mode de communication retenu et au public visé.

Temporalité :

Le moment auquel le feedback est donné influence son utilité. Une réponse très rapide aide surtout à clarifier des éléments factuels, alors qu’un léger délai peut favoriser une réflexion plus approfondie. L’essentiel est que le feedback arrive au moment où il aide l’étudiant·e à progresser et qu’il accompagne les travaux qui comptent réellement dans l’apprentissage.

Quantité :

Un feedback trop dense peut perdre l’étudiant·e. Il est souvent plus efficace d’identifier quelques points clés alignés avec les objectifs du cours et adaptés au niveau d’avancement.

Modalité :

Le feedback peut prendre différentes formes : bref échange oral, retour écrit structuré, démonstration ou illustration. Le choix dépend de l’objectif visé. Une interaction directe peut parfois clarifier rapidement une difficulté, tandis que pour des travaux écrits plus complexes, une rétroaction détaillée est préférable.

Public :

Le feedback peut s’adresser à une personne ou à un groupe. Un retour individualisé renforce l’accompagnement, tandis qu’un retour collectif peut être utile lorsque plusieurs étudiant·es rencontrent une même difficulté.

Contenus de feedback

Le feedback peut porter sur la qualité du travail, la démarche suivie ou la capacité à s’auto-évaluer. Réfléchir à la nature de l’information transmise aide à soutenir l’apprentissage.

Type d’information :

Un retour peut décrire la qualité du travail accompli, éclairer la manière dont l’étudiant·e s’y est pris, ou mettre en avant des éléments liés à sa capacité à s’auto-évaluer. Les commentaires portant sur la personne elle-même sont généralement moins utiles et peuvent même détourner l’attention du travail à réaliser.

Point de comparaison :

Le feedback peut s’appuyer sur des critères établis, sur les progrès individuels ou sur des attentes plus générales liées à la discipline. Les critères apportent une référence claire, tandis que la mise en valeur des progrès individuels peut soutenir la motivation.

Fonction du message

Un retour peut simplement décrire ce qui a été fait ou porter un jugement plus global. Une description précise est souvent plus constructive car elle laisse à l’étudiant·e la possibilité de comprendre où agir.

Orientation positive ou négative :

Le feedback peut souligner ce qui fonctionne bien ou pointer ce qui mérite d’être amélioré. Des commentaires négatifs peuvent être utiles s’ils sont formulés de manière respectueuse et accompagnés de pistes concrètes pour progresser.

Clarté :

Le feedback doit être accessible : vocabulaire, concepts mobilisés et niveau de détail doivent correspondre au niveau d’expertise de l’étudiant·e. Trop d’informations peut noyer les éléments essentiels.

Degré de précision :

Un feedback trop vague ne permet pas d’avancer, mais un retour trop détaillé peut priver l’étudiant·e d’une partie du travail de réflexion. Il s’agit de trouver un équilibre entre guidage et autonomie.

Ton et formulation :

La manière d’exprimer le feedback compte autant que son contenu. Un ton respectueux et orienté vers l’apprentissage aide l’étudiant·e à s’approprier les commentaires. Les formulations qui encouragent la réflexion et la prise de recul sont généralement plus efficaces que les consignes directives.

N’hésitez pas à vous baser sur une grille de critères d’évaluation pour donner du feedback constructif. Consultez cette ressource sur la création de grille d’évaluation critériées pour en savoir plus.